WHISKEY MYERS : Mud (2016)

Pour les mecs de Whiskey Myers, bien des choses se sont passées depuis la sortie de leur dernier album. « Early morning shakes » s’est placé dans le Top Ten des Country Charts, ce qui a permis à nos musiciens texans d’ouvrir pour des pointures comme Lynyrd Skynyrd ou Hank Williams Junior. La famille s’est agrandie avec l’arrivée d’un violoniste (qui joue également du piano) et d’un percussionniste qui donnent une coloration particulière au dernier album du combo. Un disque fort intéressant qui mérite une écoute approfondie. « On The River » débute par de la musique des Appalaches (violon et guitare acoustique) puis le rythme s’accélère pour une envolée country effrénée avec un solo de six-cordes survolté à la fin. Changement de tempo sur « Mud », un titre plus lent et très « Southern rock » avec un refrain soutenu par des chœurs et des paroles vantant la défense des biens personnels face à la rapacité des financiers. Ainsi, le héros de la chanson explique à son banquier que sa maison est dans la famille depuis 1879 et que si ce gros richard passe les limites de la propriété, il risque de crever dans la boue. Un texte social en quelque sorte ! Seul petit bémol concernant ce très bon morceau : l’absence de solo de guitare. Dommage ! Une touche de country-rock, des cuivres et des chœurs féminins font de « Lightning Bugs And Rain » une sorte de « Swamp Music » (de Lynyrd Skynyrd) en ralenti avec une guitare discrète en son clair parsemant quelques descentes de notes.

Après, le disque monte crescendo avec ses trois meilleurs titres enchaînés à la suite. Tout d’abord, « Deep Down In The South » (un titre évocateur) tape sans complexe dans le registre du rock sudiste. Un tempo médium et une rythmique impeccable font penser au « Redneck Rock'n’roll Band » de Doc Holliday. La chanson vante toutes les bonnes choses que l’on peut trouver dans le Sud (les studios Muscle Shoals, l’alcool domestique, le blues et le rock à la radio). Une intervention de gratte sonnant très sudiste s’ajoute à la fête. Vient ensuite « Stone », une très jolie ballade avec un piano (qui daterait de 1904, selon le groupe) et un final de guitares à la tierce. Et pour finir, la tuerie ! « Trailer We Call Home », une ballade acoustique encore plus belle que la précédente avec une guitare sèche, un dobro mélodique et un piano. Ce titre, qui raconte l’histoire d’une famille vivant dans une caravane (comme c’est souvent le cas aux States), proclame qu’il n’y a aucune honte à être pauvre (« Ain’t no shame in being poor ») et que, malgré des temps difficiles, l’amour reste présent dans « cette caravane que nous appelons notre foyer » (« Times get tough but love is here in this trailer that we call home »). Un très beau moment ! Il est important de souligner que le grand songwriter texan Darrell Scott a participé à la composition de ce morceau. Le groupe ne faiblit toujours pas et balance « Some Of Your Love », un rock à l’ambiance sudiste avec d’excellentes guitares électriques, mélange de Wet Willie (sur les couplets) et de 38 Special première période (sur les refrains). Par contre, la fin de l’album perd un peu en intensité. Le solo de « Frogman » (un heavy blues-rock au tempo médium composé avec Rich Robinson des Black Crowes) est quand même bien balancé et « Hank » rend hommage à la country music au son d’un violon. Le disque se termine avec « Good Ole Days », un cocktail de gospel et de honky tonk avec une mandoline, une guitare sèche et un solo de gratte acoustique. Le tout s’achève sur un éclat de rire collectif.

Apparemment, les mecs de Whiskey Myers ont pris plaisir à enregistrer cette galette et… nous aurons autant de plaisir à l’écouter !

Olivier Aubry